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Bénin : Songhaï, une ferme-école à la pointe de l’écologie

 

22 hectares de ferme, un espace entièrement biologique, un lieu de formation et de transformation. Le centre Songhaï au Bénin se veut une ferme écologique qui allie développement durable et innovation pour un monde sans chimie et une alimentation saine. 

Par Monsèdé MEHOUENOU, pour En Quête de Demain

La nature écologique du centre Songhaï de Porto Novo se laisse deviner depuis l’extérieur des lieux. Son univers verdoyant en plein cœur de la ville a de quoi attirer les visiteurs. Mais il faut s’offrir les 68 minutes de visite sur les 22 hectares de terre pour toucher du doigt le concentré de nature et d’innovation que couvre Songhaï. 

Cette ferme autonome et écologique, qui emploie 248 permanents et 95 occasionnels dont 30% de femmes, a pour vocation d’encourager la formation et l’entrepreneuriat au Bénin depuis 1985. Sa philosophie : tout sauf le chimique. 

La production végétale comprend le maraîchage et les cultures vivrières. La production animale couvre les pondeuses, les poulets de chair, cailles, dindons, canards, pintades, aulacodes… Au niveau de la pisciculture, le poisson chat, le tilapia et la carpe. Le centre intègre aussi l’agro-industrie, la pâtisserie… et une section dédiée aux énergies renouvelables (biogaz et solaire). 

Toute la fiente des oiseaux est récupérée pour la fabrication du compost et la fertilisation des sols. Les déchets issus de la production végétale servent pour la pisciculture, tandis que l’eau de celle-ci arrose le jardin et remplit les abreuvoirs des animaux. La volaille et les moutons sont sur des pilotis. Leurs déchets et urines sont récupérés pour fertiliser le sol et traiter certaines plantes. Le centre produit également de la bioénergie à partir des excréta et des eaux de bain.

Quant aux matières plastiques, elles sont recyclées pour en faire des bidons et autres contenants utilisés dans la production des jus.

Un modèle de développement durable

 « On ne peut jamais laisser un sol nu dans le centre pendant six mois. Même lorsqu’ils sont en jachère, les superficies sont mises à profit pour la production de la papaye par exemple » explique Kokou Allossoukpo, un des responsables. Chaque espace du centre est exploité pour assurer une rentabilité maximale. 

« On produit durant toute l’année, trois fois plus que le conventionnel et de qualité exceptionnelle », se satisfait Godfrey Nzamujo, directeur fondateur. 

Le centre reçoit en permanence en formation des étudiants, de même que des entrepreneurs agricoles. Ils apprennent à produire sainement et à utiliser les engrais naturels et du compost. L’agriculture et l’élevage sans produits chimiques est un évangile à Songhaï. 

« La formation est rigoureuse. Elle ne laisse place à aucun manquement. Mais ce qui m’a le plus fasciné, c’est qu’on apprend à dupliquer tout l’apprentissage sur de petites espaces ». 

Aristide Hounguèvou, jeune éleveur de 35 ans dans la commune de Toffo à 123 kilomètres est passé en formation à Songhaï pendant six mois. Cela lui a permis d’apprendre à nourrir sa volaille à la feuille de Moringa pour une bonne croissance. L’aliment pour son élevage est fait de fientes et d’asticots. Deux de ses collaborateurs sont aussi passés par le centre et un troisième y est en formation de pisciculture. 

« L’expérience du centre Songhaï est particulière. On ne respire que par les résultats, la méthode et la rigueur ». 

Orienté écologie 

Pour beaucoup d’habitants comme Boniface Tonouéwa, enseignant dans une université privée à Porto Novo, « ce centre est l’un des rares où on est sûr d’avoir un repas bio, servi chaud dans un écrin de nature ». 

Le centre Songhaï veut surtout profiter de toutes les merveilles de la nature et de la technologie. Il allie innovation et recherche, confie un des chefs d’ateliers. On récupère tout ce qui semble « inutile ou usé ». 

Il est né « de la volonté de contribuer à la création d’économies résilientes en Afrique » et prône un système économique régénérateur et circulaire, centré sur la création et le réinvestissement des richesses et des ressources humaines dans les communautés pour créer un effet boule de neige, renseigne sa direction de production. 

Une expérience féconde 

Les distinctions et les reconnaissances, le centre ne les compte plus. Mais ce qui compte pour le maître des lieux, c’est de redresser ce qui ne l’est pas encore en Afrique. « Il faut changer les manières », conseille-t-il. Il faut revoir sa vision du monde, s’équiper avec les bonnes technologies et « former une masse de jeunes qui seront transformés et rééquipés avec la tête (la nouvelle science), le bras (la technique) et le cœur (l’endurance, la discipline) ». 

Songhaï a été créé par le Père Godfrey Nzamdjo, prêtre dominicain originaire du Nigeria. Il ambitionnait de créer un centre de formation pour les jeunes africains en agriculture en se basant sur les ressources naturelles et locales. Les débuts du centre furent tumultueux, il ne disposait que d’un espace d’un hectare pour se lancer avec six jeunes à ses côtés. Mais le centre fait maintenant des émules bien au-delà de Porto Novo. Songhaï est aussi installé dans plusieurs Etats du Nigéria, au Mali, en Gambie, en Ouganda et bientôt dans d’autres pays. 

« Ce que nous faisons c’est pour aider la nature à se manifester comme il faut », soutient son Godfrey Nzamujo.

Deux stagiaires allant vers leur atelier de formation dans les locaux de la ferme-école Songhaï à Porto Novo (Bénin).
Crédit : Monsèdé MEHOUENOU
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