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Samuel Grzybowski et Christian de Boisredon © InterFaith Tour

L’Interfaith Tour : des jeunes globetrotteurs à la rencontre des initiatives interreligieuses

Lancé par Coexister et Sparknews, l’Interfaith Tour existe depuis 2013. Depuis lors, trois quatuors de jeunes ont parcouru le monde pour dénicher des projets de dialogue interreligieux.

Ces globetrotteurs engagés se font ainsi les porteurs d’un projet à fort impact social : répertorier des initiatives interreligieuses dans les contrées visitées, servir d’intermédiaire entre ces initiatives, et les étudier afin d’en extirper des contenus pédagogiques.

Depuis six ans, l’InterFaith Tour a constitué trois équipes. La saison 3 avait ainsi vu Bénédicte, Bettina, Sami et Eloi, respectivement athée, juive, musulman et catholique, voyager dans 20 pays entre juillet 2017 et mai 2018, sur les cinq continents.

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L'équipe de la saison 3 de l'lnterfaith Tour © InterFaith Tour

Bénédicte, 21 ans, est originaire de Grenoble et étudiante à Sciences Po Strasbourg. Elle a livré au cours de cette soirée un témoignage fort sur son expérience d’athée dans des pays profondément religieux. Ainsi que sur tout ce que ses compagnons de voyage lui avaient enseigné. Nous l’avons donc interviewée.

Comment avez-vous rejoint l’Interfaith tour ?

En Juin 2015, alors que j’avais adhéré à Coexister quelques mois auparavant, je faisais l’expérience de mon premier événement national avec d’autres jeunes de toutes la France. J’ai rencontré Lucie, Ariane et Samir qui s’apprêtaient à partir pour la 2ème édition de l’InterFaith Tour. Je ne connaissais pas du tout le projet. Les explications de Lucie, avec des étoiles plein les yeux, m’ont convaincue à  tenter l’aventure l’édition suivante. En janvier 2016 on m’a sélectionné avec mon équipe après avoir passé un certain nombre d’épreuves (entretiens individuels et collectifs, défis en plein Paris, etc.)

Quelle a été votre expérience en tant qu’athée dans les pays que vous avez visité ? 

Participer à l’InterFaith Tour en tant qu’athée est une expérience assez singulière. Si je suis athée de conviction, j’ai grandi dans un environnement chrétien. Je fais donc partie d’une majorité de personnes rarement victime de discriminations au regard de ses convictions. Sur les 21 pays que nous avons étudié pendant le tour du monde, seuls cinq ont une forte présence athée ou agnostique (Finlande, Estonie, Nouvelle Zélande, Canada, Islande). Dans les autres, j’ai dû, pour la première fois, faire face à certaines discriminations.

 Pour la première fois, j’étais réduite à une partie de mon identité que je considère pourtant plurielle. C’est là que j’ai pris conscience du quotidien de certains de mes amis en France, notamment de mes amis juifs, musulmans et chrétiens et de la souffrance que cette réduction peut causer. Elle devient un mur au lieu d’être une porte vers la découverte de l’autre.

Au lieu de simplement me questionner par curiosité, les gens me jugeaient et critiquaient. Certains allaient jusqu’à reprocher à mes compagnons de route de ne pas tenter de me convertir. Les discriminations lèvent le voile sur les privilèges dont certains jouissent. Si mes amis en ont bénéficié dans de nombreux pays visités, c’est moi qui en bénéficie le plus en France. C’est une chose de le savoir, c’en est une autre de le vivre et d’en avoir conscience.

Avez-vous pu trouver du soutien parmi vos compagnons de voyage ?

En France, et notamment lors d’événements Coexister, nous parlons énormément d’inclusion, de respect. Notamment des communautés minoritaires. En France, je m’efforce d’écouter et de comprendre le quotidien de mes amis pour mieux agir en tant qu’alliée et soutien. Pendant le tour du monde, les rôles se sont inversés. Je suis convaincue que notre expérience chez Coexister a rendu cela possible. Tous ces échanges et événements nous permettent de nous soutenir les uns les autres. Avec respect et sincérité. Eloi, Bettina et Sami m’ont soutenue là-bas, comme je les soutiens en France. Ce que nous avons vécu ensemble est la base du respect. C’est la réciprocité et l’égalité.

Comment ce voyage a-t-il modifié votre perception de la France et du monde ?

Le voyage a changé ma perception du monde et de la France. A chaque nouveau pays, il fallait changer de lunettes. Il fallait se fondre dans le décor et oublier les préjugés qu’on avait avoir en arrivant. Pour certains pays, comme Chypre, Israël ou encore Madagascar, j’ai pris conscience des œillères que je pouvais avoir en tant que Française. Il est difficile de se détacher du contexte de notre région, de notre histoire ou de nos intérêts propres lorsqu’on arrive dans un pays. La situation y est parfois difficile et l’Etat Français n’est pas perçu comme neutre. Les gens ne le voient pas forcément comme un allié.

Je reviens pleine d’entrain et d’espoir pour le futur de mon pays et l’avenir du vivre ensemble de par le monde. Cependant, j’ai surtout pris conscience du caractère généralisé et systémique des privilèges et du racisme.

Où que l’on soit dans le monde, on privilégiera certains et discriminera d’autres. Finalement, comme le disait Aeeshah, une nos plus belles rencontre aux Etats-Unis : « L’être humain n’est pas si développé que ça, il ne voit les choses que par les prismes des couleurs, des formes et des tailles ».  Quand le cœur parle, on arrive à voir autrement que par ces biais et c’est là que nos engagements pour la fraternité prennent sens !

Vous pouvez retrouver ci-dessous une vidéo réalisée au cours de leur étape au Sri Lanka.

L’équipe de la saison 3 au Sri Lanka. © InterFaith Tour

L’équipe de la saison 4 d’Interfaith Tour partira arpenter le monde pendant huit mois dès le 31 juillet 2019. Suivez leurs aventures sur le site Interfaith Tour ainsi que sur les réseaux Facebook, Twitter, Instagram et Youtube !

L'équipe saison 4 © InterFaith Tour
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